Vendredi
dernier, après la signature de ma convention de résidence, dans les bureaux de la Région Ile-de-France,
rue Barbet de Jouy, j’ai éprouvé le besoin de marcher, les événements de ces
deux derniers jours m’avaient bien ébranlé, à vrai dire je me sentais fragile.
J’avais rendez-vous à 16h30 avec une amie rue Mouffetard, en une heure de temps
et d’un bon pas, c’était faisable, enfin presque puisque je suis arrivé avec
dix minutes de retard et une petite galette des rois pour me faire pardonner.
Nous
étions attablés à l’extérieur du bistrot, il faisait doux, devant nous deux hommes
d’une bonne quarantaine d’années, debout au milieu de la rue, discutaient en
arabe. Un moment plus tard, une jeune femme est venue les rejoindre et l’un des
hommes a traduit pour elle ce qu’ils étaient en train de dire. Il m’a semblé
alors entendre le nom de Mahmoud Darwich et effectivement c’était bien
quelques-uns de ses vers que l’homme citait de mémoire en arabe puis en
français, et non seulement la jeune femme appréciait mais elle connaissait
manifestement la poésie de Mahmoud Darwich, comme j’en ai eu la preuve un
instant plus tard quand nous nous sommes trouvés mêlés à la conversation. Il
devait être alors un peu plus de 17h, j’ignorais qu’au même moment, à quelques
kilomètres de là, les fusils d’assaut du GIGN et du RAID abattaient trois
hommes, ceux-là même qui en avaient abattu quinze autres et deux femmes dans
les jours précédents. Avec le recul et malgré l’extrême violence de ces actes,
je me suis dit que tant qu’il y aurait des hommes et des femmes pour parler de
poésie, pour citer Mahmoud Darwich comme ça debout dans la rue, il fallait
garder espoir… A quoi servirait le
printemps clément / S’il ne tenait compagnie aux morts, s’il n’accomplissait /
Après eux, la joie de vivre et l’éclat de l’oubli ? (in Murale, Actes Sud).
Merci pour cette jolie bouffée émue qui me monte aux yeux.
RépondreSupprimerUne pensée affectueuse de ta petite nièce.