mercredi 14 janvier 2015

Mardi 13 janvier 2015

                   Vendredi dernier, après la signature de ma convention de résidence, dans les bureaux de la Région Ile-de-France, rue Barbet de Jouy, j’ai éprouvé le besoin de marcher, les événements de ces deux derniers jours m’avaient bien ébranlé, à vrai dire je me sentais fragile. J’avais rendez-vous à 16h30 avec une amie rue Mouffetard, en une heure de temps et d’un bon pas, c’était faisable, enfin presque puisque je suis arrivé avec dix minutes de retard et une petite galette des rois pour me faire pardonner.
                Nous étions attablés à l’extérieur du bistrot, il faisait doux, devant nous deux hommes d’une bonne quarantaine d’années, debout au milieu de la rue, discutaient en arabe. Un moment plus tard, une jeune femme est venue les rejoindre et l’un des hommes a traduit pour elle ce qu’ils étaient en train de dire. Il m’a semblé alors entendre le nom de Mahmoud Darwich et effectivement c’était bien quelques-uns de ses vers que l’homme citait de mémoire en arabe puis en français, et non seulement la jeune femme appréciait mais elle connaissait manifestement la poésie de Mahmoud Darwich, comme j’en ai eu la preuve un instant plus tard quand nous nous sommes trouvés mêlés à la conversation. Il devait être alors un peu plus de 17h, j’ignorais qu’au même moment, à quelques kilomètres de là, les fusils d’assaut du GIGN et du RAID abattaient trois hommes, ceux-là même qui en avaient abattu quinze autres et deux femmes dans les jours précédents. Avec le recul et malgré l’extrême violence de ces actes, je me suis dit que tant qu’il y aurait des hommes et des femmes pour parler de poésie, pour citer Mahmoud Darwich comme ça debout dans la rue, il fallait garder espoir… A quoi servirait le printemps clément / S’il ne tenait compagnie aux morts, s’il n’accomplissait / Après eux, la joie de vivre et l’éclat de l’oubli ? (in Murale, Actes Sud).   

1 commentaire:

  1. Merci pour cette jolie bouffée émue qui me monte aux yeux.
    Une pensée affectueuse de ta petite nièce.

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